Théâtre Molière de Sète

 Vendredi 21 février, à20h30

Tu tiens sur tous les fronts
Christophe Tarkos – Roland Auzet – Pascal Duquenne – Hervé Pierre (de la Comédie-Française)

D’abord, il y a la langue de Tarkos à découvrir, particulièrement intéressante pour le metteur en scène Roland Auzet (accueilli avec Histoire du soldat la saison passée). Imparable, comme l’est celle de Beckett par exemple, la langue du poète construit des petites mécaniques qui mettent en évidence l’humanité, l’humour, la joie de vivre, la joie de dire de son auteur.
Sur scène ensuite, c’est la rencontre entre deux univers, entre deux acteurs que nous aimons : l’un qu’incarne Hervé Pierre, sociétaire de la Comédie- Française, est atteint de logorrhée, l’autre que joue l’acteur trisomique Pascal Duquenne (prix d’interprétation à Cannes avec Daniel Auteuil pour Le Huitième jour) est muet, solaire, espiègle et s’active sans relâche.
Les deux comédiens libèrent cette poésie à pleine puissance. Hervé Pierre manie la langue en virtuose, en caresse les variations, en rumine les inflexions. Face à lui, Pascal Duquenne impose son être différent et questionne par sa présence, dessine, peint, ouvre des échappées belles.
Le dispositif scénique est incroyablement créatif. Un piano joue seul, les murs se transforment en écrans d’ordinateur sur lesquels défilent des phrases de Tarkos. Les comédiens composent, avec une parfaite justesse, les deux voix du monologue intérieur d’un homme aux prises avec lui-même. C’est émotionnellement très fort.

« A la fin les deux acteurs se ressemblent : deux enfants de maternelle devenus clowns barbouillés de peinture, complices, et fraternels. Joueurs et jongleurs de leur différence. Vivants. » – Jean-Pierre Thibaudat, Rue 89

 

Mardi 25 mars, 20h30 et mercredi 26 mars, 20h30
Histoire d’amour
Régis Jauffret / Cie Teatrocinema (Chili)

A mi-chemin entre le polar et le clinique
Compagnons au long cours de la Scène Nationale, les Chiliens de Teatrocinema, créateurs de machineries théâtrales magiques (Gemelos, Sin Sangre) choisissent d’adapter un roman de Régis Jauffret, Histoire d’amour.
Histoire d’amour commence dans une rame de métro où le narrateur, professeur d’anglais, suit une inconnue pour la violer. Il va s’éprendre de sa victime, la poursuivre. Elle, muette et interdite, tente de fuir, est rattrapée. Elle subit alors un harcèlement insensé qui se métamorphose en amour délirant chez son agresseur qui lui parle enfants, mariage, vie heureuse… Elle deviendra sa femme et la mère de son enfant.
Zagal et sa compagnie inventent un langage théâtral surprenant, en noir et blanc, avec des vignettes proches de la bande dessinée. Le tressage de plusieurs formes narratives mêlant théâtre, cinéma, photographie et musique entraîne le spectateur dans les turbulences d’un esprit détraqué… avec distance, poésie et humour noir.
Le choix de ce roman par Teatrocinema ne relève pas du hasard : la frontière, fragile, entre culpabilité et responsabilité, renvoie à la période douloureuse de l’histoire du Chili. En posant toujours et sans cesse la question du maintien et du devenir d’un espace d’humanité.

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