Autrefois, il représentait la fin d’un monde et la fin des malheurs de l’année passée, puis ce fut une façon d’exorciser certains maux comme la séparation, la mort, les maladies, le manque de travail et même les guerres. Chez d’autres, plus matérialistes, il symbolise la fin de l’hiver. Pour les carnavals, chaque année, il a sa place à Limoux, à Bordeaux et dans bien d’autres cités, avec des noms différents. C’est souvent Monsieur Carnaval. A Poussan, c’est le Paillasse qui a ses passionnés et qui en profite jusqu’au bout : il sera peut-être promené durant la cavalcade, le Strapontin va le juger et certains spécialistes assureront sa crémation.
S’il participe aux festivités carnavalesques, il essaye d’être discret, car il sait que le mercredi des Cendres, il va mourir sur le bûcher. Ce rite païen perpétué d’une année sur l’autre, fait que son sort est irrémédiablement scellé. Paillasse est toujours le bouc émissaire.
Il payera pour les autres et la sentence sera sévère car il sera accusé des fautes de certains et des maux qui se seront abattus durant un an sur Poussan.
Deux costauds vont le conduire dans les Halles où il sera jugé devant la foule. Le procureur venu de Montpellier après les plaidoiries des avocats ne lui accordera aucune faveur. L’avocat général saura certainement prendre le dessus.
Paillasse aura donc droit au bûcher avec une crémation immédiate au jardin public. Un long cortège se formera derrière la Cour qui le suivra puis les Poussannais assisteront silencieusement à la fin de celui qu’elle a fêté quatre jours avant. Triste fin pour l’individu qui devra attendre un an avant de renaître de ses cendres.
Avec lui s’achèvera le carnaval. La musique jouera une dernière fois la « Marche funèbre ». Larmes de joie et de tristesse se mêleront alors que la foule se sera débarrassé de celui qui portait malheur. Une page sera tournée, la gaité reviendra.