Le service culturel de la ville de Poussan avait programmé ces 26 et 27 novembre, le spectacle théâtral « Vendanges sans toi » écrit et réalisé par Jacques Brun, de la Compagnie du Kiosque.
« Vendanges sans toi 1914-1918 » est une fresque historique relatant les tourments et les affres de la Grande Guerre.
Celle-ci a permis aux spectateurs, durant les deux spectacles, de voyager entre Poussan, un joli village languedocien entouré de vignes, entre les garrigues et l’étang de Thau, juste avant les vendanges, et, le quotidien souvent horrifiant des soldats dans les tranchées, se préparant à l’assaut ou faisant passer un temps qui semblait une éternité.
Avec comme toile de fond les derniers mois du premier conflit mondial, Jacques Brun nous invitait à suivre suivre à Poussan, au Gymnase des Baux, d’une part, sur le front de la guerre 14/18, la vie de plusieurs militaires et, pour l’un d’eux – Justinien Poujol, un Poussannais – le quotidien de sa famille et de ses proches restés à l’arrière.
Avec une mise en scène spectaculaire et une bande son riche et réaliste, les spectateurs étaient entraînés dans cette saga douloureuse et impitoyable mais ponctuée de jolis moments d’espoir.
La Compagnie du Kiosque qui pour cette oeuvre a reçu le soutien de la ville et du Département pour l’aide à la création, avait offert dès vendredi après-midi, une représentation à tous les collégiens de 3ème, ainsi qu’à leurs professeurs, du collège Via Domitia.
Ils furent enchantés et très intéressés, d’ailleurs durant le spectacle, rien n’est venu troubler leur concentration…
Et ce dernier week-end de novembre, Poussannais et visiteurs furent nombreux à se replonger dans le Poussan de 1918, qui comme la plupart des villages Français, ne fut pas épargné par cette guerre.
363 jeunes Poussannais y furent mobilisés et ils partirent de Poussan tout gonflés de fierté et d’espoir, des jeunes Poussannais, heureux d’aller reprendre l’Alsace et la Lorraine et de venger leur pays de l’humiliation de 1870. Mais tous ne revinrent pas…..
Jacques Brun s’appuyant dans sa création tantôt sur des textes classiques ou contemporains, nous faisait donc remonter le temps. Un retour vers le passé qui sentait bon la vigne et la campagne, mais aussi la poudre et l’enfer des tranchées.
L’émotion est au rendez-vous dès le lever de rideau avec l’énumération des noms de ces soldats poussannais tombés sur les champs de bataille.
Car de 1914 à 1918, ils furent des milliers, des millions à quitter leur foyer, leur région aussi, pour aller se battre sur le « Front »
Si le 11 novembre, c’est l’armistice… La liste est longue très longue de ceux qui ne reviendront pas dans leurs villages… Et si certains dans les rues de Poussan ont été heureux car l’on annonçait en musique la fin de la guerre, pour d’autres rien ne pouvait remplacer, le père, le fils ou le mari qui ne revenait pas…
Mais en ce début septembre 1918 la récolte s’annonçait prometteuse.
« Pourtant, pour la quatrième année consécutive, Justinien Poujol ne sera pas là. Mobilisé en 1914, sur le front entre Amiens et Château-Thierry dans la Marne. L’absence est lourde pour ceux qui attendent ; leur quotidien est fait d’inquiétude, d’angoisses mais aussi d’espérance. Les bras des femmes, des anciens, peinent aux tâches matérielles mais les lourdes grappes bien mûres d’Aramon et de Carignan ne sauraient attendre… »
Un retour sur ces derniers mois de guerre qui n’annonçaient rien de bon, avec une certaine résignation…
Les vidéos : https://youtu.be/V9BgMBuc1-4
« Au nord, loin de la douceur de Septembre qui baigne le Midi, c’est un quotidien de boue, de peur, de feu qui rythme la vie des soldats. Justinien le vigneron, Justinien le laboureur, Justinien dont la terre est le quotidien, la découvre brulée, martyrisée, ne faisant qu’un avec tous ces hommes enfouis dans les tranchées. Cette terre de France pour qui tant de camarades sont déjà tombés… »
Jacques Brun attaché dans ses oeuvres a des valeurs de transmission entre les générations, d’amitié et de partage, de respect et d’amour, parvient grâce à l’illustration soignée des bons et des mauvais moments sur le front à toucher notre sensibilité et à nous émouvoir, d’autant que le professionnalisme des acteurs vient magnifier chacune des séquences.
On y retrouve même, la soprano lyrique, Véronique Pain, venue durant un après-midi plutôt calme interprétée Lison-Lisette et la caissière du grand-café pour accompagner le rêve d’Alexandre songeant à la jolie Marthe…
Vendanges sans toi nous proposait le temps de ce spectacle, d’entendre tous ces hommes, toutes ces femmes qui ont vécu des années d’angoisse et de souffrances physiques et morales.
Et même si l’armistice vient clôturer la guerre il faudra plusieurs décennies avant que les cicatrices qu’elle a laissées ne s’estompent car elles ne disparaîtront jamais et plus d’un siècle après, comme les descendants de Justinien, ils sont nombreux à se souvenir .