Les particules de plastique : une soirée information et débat à Montbazin ce 25 mai :
En 2019, avait organisé une passionnante et enrichissante table ronde en présence de scientifiques. Cette réunion, dont on parle encore, avait connu un franc succès. L’on avait appris qu’il neigeait du plastique ! Comme il y a deux ans, la Réunion de ce mardi a été présentée par le Dr Brigitte Cohen, Présidente de « l’Observatoire du Pays de Thau »…
» L’Observatoire du Pays de Thau est une Association non subventionnée, donc indépendante, qui intervient en interpellant les différents acteurs institutionnels et la population à propos de toutes les questions écologiques et environnementales du bassin, de ce patrimoine unique de part ses herbiers, ses hippocampes, ses huîtres, sa pêche, mais très fragile que constitue l’Etang de Thau. Il convient donc de le protéger « .
Puis est intervenu Christophe Morgo, Vice-président du Conseil Départemental, délégué à l’Environnement à propos du territoire de Thau et Vice-président de l’Observatoire du Pays de Thau qui a précisé combien les plastiques et les particules de plastique pouvaient être néfastes et dangereux pour l’humanité, pour notre territoire en particulier en impactant nos sols, notre air, et en se dirigeant vers l’étang ou la mer Méditerranée lors d’épisodes pluvieux, impactant alors le monde marin.
Il est temps de se rendre compte que nous courrons à la catastrophe et de réagir aussi…
Depuis 2020 nous vivons une pandémie mondiale, que nous avons néanmoins cru propice à réflexion sur nos habitudes, qui laissait espérer de nouveau comportements plus respectueux de notre planète.
Il n’en est rien, la consommation de plastique augmente avec son leurre du recyclage…
L’Observatoire du Pays de Thau a décidé de rouvrir ce dossier et de l’examiner sous un autre angle : l’addiction au plastique et les industriels du plastique qui organisent la fabrique du doute (comme nous l’avons vécu avec les industriels du tabac ou Monsanto et les pesticides).
Petit rappel : les plastiques sont partout : emballages, vêtements, mobiliers, cosmétiques, véhicules… La production mondiale a augmenté de façon exponentielle et a doublé durant les 10 dernières années. Exemple de la bouteille plastique : plus d’1 Million de bouteilles achetées chaque jour dans le monde, la France est dans le top 5 ; 5 ème pays buveur d’eau embouteillée sachant que le temps de décomposition d’une bouteille plastique est de 400 ans minimum… Près de 77 % des plastiques ne sont pas recyclés et, de plus, le recyclage complet du plastique est impossible. C’est une re-transformation qui nécessite la réinjection de plastique neuf .Donc l’utilisation du plastique génère obligatoirement des particules fines dans l’environnement et des nano-particules.
Vidéos : https://youtu.be/lZvuvoEVRJA
A l’inverse du verre, par exemple, qui se recycle complètement et indéfiniment, ces particules plastiques finissent dans l’eau, dans l’air ou enfouies dans le sol. Nous les avalons, nous les ingérons, nous les absorbons par la peau.
La réunion publique s’est poursuivie avec deux expertes passionnées, reconnues, auteures de récents ouvrages afin de mieux comprendre et surtout être informés sur l’existence de solutions et d’alternative même si tout est fait pour nous tromper et nous laisser croire que l’on réduit la production de plastique dans le monde :
Directrice de recherche à l’INRAE, Nathalie Gontard qui a écrit « Plastique, le grand emballement »* après avoir été chercheuse au CIRAD et Professeur à l’Université de Montpellier et Kyoto, explore l’univers du plastique sur tous les continents du monde et fait un constat implacable : « tous les inventeurs, tous les recycleurs ne suffiront pas, il faut supprimer la source du danger…arrêter de croire au progrès par l’innovation qui permettrait toujours plus de consommation de plastique. »
Et Dorothée Moisan n’est pas rassurante pour notre avenir « Les plastiqueurs » ** Journaliste, elle a enquêté sur ces industriels qui nous empoisonnent et minimisent les risques de ce poison présent dans l’air, dans l’eau, et dans le sol, pour se retrouver dans notre corps. Même si l’industrie promet de participer au financement du recyclage, ce n’est qu’un alibi, la production mondiale du plastique va doubler d’ici 2040 ! La règlementation progresse mais la production augmente…
Si les questions environnementales mobilisent de plus en plus et si cela doit être le combat de tous dans l’intérêt de la nouvelle génération qui arrive, il y a urgence car nous sommes tous impactés, les animaux, les humains, et les nano-particules qui suivent le cycle de l’eau sont en mer, dans les airs, invisibles mais nocives, à court et à long terme.
Ces particules sont souvent des perturbateurs endocriniens car dans la chimie moderne les groupes industriels ont généralisé et facilité l’emploi de matières plastiques, de pesticides et ont inventé de nombreux objets de notre vie quotidienne qui contiennent des composés chimiques. Ces substances chimiques d’origine naturelles ou artificielles, mais étrangères à l’organisme humain vont interférer avec le fonctionnement du système endocrinien. Cela implique : des maladies chroniques, de l’obésité, une baisse du nombre de spermatozoïdes chez l’homme, des maladies graves en étant des agents, cancérigènes et mutagènes…
Un grand intérêt du public conscient que l’avenir est dans les mains de l’Homme, conscient aussi, comme l’Observatoire du Pays de Thau et les deux intervenantes, que même si l’on progresse dans un sens, dans l’autre cela ne s’arrange et au contraire, car la production de plastique se développe en mettant notre planète en danger.
*« Plastique : Le grand emballement » Nathalie Gontard – Ed Stock – Nov. 2020
**« Les plastiqueurs » Dorothée Moisan – Ed Kero – Mars 2021