Le Laudario di Cortone à Poussan

L’association Saint-Vincent, après avoir animé en grande partie les Journées du Patrimoine, organisait ce samedi 17 octobre à 20 heures 30, dans l’église de Poussan, une représentation d’une œuvre très rare, un mystère médiéval, le Laudario di Cortone, en partenariat avec la Compagnie du Kiosque.
Les bénéfices de cette soirée doivent être intégralement reversés à l’association Saint-Vincent pour aider à l’entretien de ses biens, et notamment du château de Montlaur, édifice inscrit au titre des Monuments Historiques, en cours de classement.

lodario 007Le Laudario de Cortona (Cortona)( Bibliothèque de la Commune et de l’académie Étrusque, Ms. 91) est un code manuscrit italien musical de la deuxième moitié du XIII siècle, contenant une collection de laudes.

lodario 011L’on en connaît pas exactement la date, mais l’on considère qu’il a été copié entre les ans 1270 et1297. Il appartenait à la Fraternité de Sainte Maria des Laude de l’église de Saint Francesco de Cortona. Dans l’an 1876 il fut retrouvé délaissé, dans un état pitoyable, et le bibliothécaire de la Bibliothèque de la Commune et de l’académie Étrusque de Cortona, Girolamo Gauchers, l’ajouta à la bibliothèque cortonense dans lequel il est conservé actuellement.

Capture« Au milieu du XIIIème siècle, en Toscane, sous l’influence de St François d’Assise, des chants populaires se sont créés pour exalter l’Incarnation et les saints. C’est l’époque des premiers « mystères », joués par la population sur les parvis des églises, des premières « crèches », des processions des corporations d’artisans fêtant et chantant leurs saints patrons. De cette époque, il reste un ensemble de manuscrits appelés le « Laudario de Cortona », ensemble de « laudes » écrites en vieux toscan, et dont la notation musicale est celle du grégorien (portée de 4 lignes, notes carrées). C’est un des plus vieux manuscrits qui nous soit parvenu de musique populaire en langue vulgaire. » Précise JP Baconnet sur http://www.jpbaconnet.fr/Laudario/laudario.htm où vous pouvez écouter des extraits musicaux.

Et thématiquement les laudes ou louanges suivent l’année liturgique de l’Avent, de Noël, l’Epiphanie, Pâques et la Pentecôte. Ils sont les premiers exemples de chants sacrés dans le langage commun trouvé en Europe.

Ainsi, « Le Laudario di Cortone a séduit la Chef de Choeur, Karla Doyen par sa simplicité, sa naïveté et son langage qui touche au cœur.

Elle le présentait ce samedi soir à Poussan, avec une mise en scène de Jacques Brun, de la Compagnie du Kiosque.

Pour elle, Il a fallu tout d’abord, faire des choix parmi les quarante six pièces et leurs nombreux couplets, pour arriver à un ensemble cohérent d’une durée d’une heure de musique environ. Dans cette musique annotée, où l’on retrouve la mélodie, mais pas d’indication de rythme, ni de polyphonie écrite, Karlan, en s’inspirant des musiques populaires et traditionnelles de la région, a fait des propositions de deuxièmes voix, de bourdons, de structures rythmiques lorsque le texte s’y prêtait. En alternant les solos et les chœurs, judicieusement, Le Laudario di Cortone cheminait en l’église Saint Pierre comme un cours d’eau, comme un ruisseau qui naît, grandit et  déploie ses bienfaits. Tantôt torrent tumultueux qui gronde à l’heure du sacrifice, il joue avec le silence, le doute, puis reprend avec un murmure pour exprimer sa joie ! 

 Et Jacques Brun , le metteur en scène de cette création de juin 2015 précisait : « La mise en scène doit se faire oublier pour se mettre au service de l’œuvre, au service du sens. Au service du lieu aussi, en composant avec la singularité de l’église saint Pierre, son originalité, son acoustique, la beauté d’une chapelle ou la lumière d’un vitrail. Le lieu est investi tout entier et, selon les stations que nous propose le « Laudario », le chœur s’immobilise ou se met  en mouvement.

Pari réussi avec plus de 24 chanteurs et avec un comédien qui ont  su dans une église Saint Pierre toute pour eux rassembler près de 100 personnes désirant se plonger dans cet univers vocal et musical qui remonte au XVIIIème siècle et qui a gardé toute sa fraicheur et son caractère populaire. Une très belle soirée fort appréciée par un public qui n’en a pas perdu une seconde…

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