Coquilles d’huîtres et de moules : nouvelles pistes de valorisation.
Le bassin de Thau est le premier à avoir lancé une filière de collecte et de traitement de ses déchets conchylicoles. Plusieurs milliers de tonnes de déchets coquillés sont traitées chaque année à l’usine du Mourre Blanc à Mèze. Un nouveau procédé de traitement et le vif intérêt des marchés pour les matières à forte teneur en calcaire ouvrent de nouvelles perspectives en termes de valorisation.
Les déchets coquillés issus de la lagune de Thau sont traités à l’usine du Mourre Blanc à Mèze. Ce service est géré par le Syndicat mixte du bassin de Thau en relation avec le Comité Régional Conchylicole de Méditerranée et les professionnels. Son exploitation est assurée par la société COVED depuis 2007 par délégation de service public.
Vendredi 3 février, Yves Michel, président du Syndicat mixte du bassin de Thau, François Commeinhes, vice-président, Jacques Adgé, maire de Poussan et Philippe Ortin, président du Comité Régional Conchylicole de Méditerranée ont présenté les nouvelles pistes de valorisation.
Première et courte étape pour les coquilles issues de la lagune de Thau : la carrière de Poussan. Ce site engagé dans une démarche de reconstitution paysagère offre un débouché immédiat et une boucle courte de valorisation.
L’Étata donné son accord par arrêté du 26 décembre 2013. Désormais débarrassées de tout résidu organique et concassées, les coquilles d’huîtres et de moules seront acheminées sur site puis remodelées selon les prescriptions du schéma de revalorisation de la carrière. Leur forte teneur en calcaire et leur origine naturelle s’inscrivent parfaitement dans les objectifs de mise en valeur paysagère et de revégétalisation des zones qui ont cessé d’être exploitées.
Cet accord fait suite à la mise en place d’un nouveau procédé de traitement qui permet de débarrasser les coquilles de tout résidu organique. Plus propres, les coquilles vont pouvoir trouver de nouvelles destinations comme l’amendement de sol pour les cultures viticoles mais aussi les habitats artificiels pour les juvéniles ou encore un projet de réutilisation dans les procédés d’épuration sur cultures fixées.
Yves Michel, nouveau président du Syndicat mixte du bassin de Thau, souligne ces avancées : « Le traitement des déchets coquillés est en constante amélioration sur notre territoire. Après la résolution des problèmes de nuisances olfactives, l’obtention de la certification ISO 14001, la mise en place de ce nouveau procédé de traitement permet de regarder les déchets coquillés d’un autre œil. Leur valorisation sur la carrière de Poussan est sans doute l’un des circuits de valorisation les plus courts de la filière déchet. Le bassin de Thau s’inscrit une nouvelle fois vers l’excellence environnementale. »
Il y a d’autres pistes de valorisation : et mille et une vies pour une coquille d’huître.
La valorisation des déchets coquilliers est une préoccupation aujourd’hui partagée par l’ensemble des bassins conchylicoles. Elle est source d’importantes innovations. Cette question a été traitée par divers projets pilotes en France. Le Syndicat mixte du bassin de Thau était invité à participer à l’automne à Brest à un atelier consacré à ce sujet. Faire du déchet coquillier une ressource pour les territoires, chercher des solutions de traitement et créer de nouvelles filières : tels étaient les défis explorés lors de cet atelier.
Des pistes de réutilisation en sable coquillier, amendement, usages alimentaires et même cosmétiques étaient présentées à cette occasion. Très récemment une collaboration vient d’être envisagée avec un site de production conchylicole suédois, en mer baltique, qui souhaite bénéficier de l’expérience du bassin de Thau sur ce thème.
1) En amendement de sols pour les cultures viticoles : une fois traitées, les coquilles d’huîtres sont concassées en différents diamètres. Auparavant seules les coquilles de moules pouvaient être broyées très finement. Désormais, les coquilles d’huîtres atteindront la même qualité. Cette poudre va pouvoir être recyclée en amendement de sol dans les cultures viticoles pour compenser le déficit calcique sur certaines vignes.
2) En biofiltres pour les procédés d’épuration sur cultures fixées :
Les recherches sur les procédés d’épuration des eaux usées ont mis en avant une nouvelle source de débouchés pour les coquilles de moules. Celles-ci seraient un support idéal pour fixer les bactéries utilisées pour épurer l’eau. Le procédé par cultures fixées est plus onéreux que le procédé par culture libre mais il présente des rendements bien meilleurs. Il est souvent utilisé pour les usines qui disposent de peu d’espace. Cette piste de valorisation est encore à développer.
3)En habitats artificiels pour les juvéniles : les coquilles d’huîtres sont également utilisées depuis 2016 dans la création des zones refuges, ces habitats artificiels implantés dans les ports et destinés à favoriser la réimplantation de la biodiversité. Il s’agit de dispositifs constitués de cages en acier remplies de coquilles d’huîtres.
L’usine de traitement des déchets conchylicoles :Chaque année, entre 7000 et 9000 tonnes de déchets coquillés sont traitées sur site pour un coût total de 1200 000 euros. Sur le bassin de Thau, les déchets coquillés sont ramassés de façon hebdomadaire directement sur les mas à Bouzigues, Frontignan, Loupian, Marseillan, Mèze et Sète puis traités à l’usine d’exploitation du Mourre Blanc à Mèze. Si l’on parvient à valoriser ces déchets il est prévu de réaliser des collectes auprès des restaurants et des sites concernés tout autour du bassin de Thau. Pour l’instant, un seul restaurant. Après la phase de tri, ils sont mis à couvert dans des box de stabilisation. Au cours de cette période, grâce à la présence au sol de buses d’air alimentées par des compresseurs, une aération forcée des déchets est effectuée dans le but d’accélérer, par fermentation, la dégradation de la matière organique présente dans les coquillages.Tous les partenaires de cette valorisation des coquilles d’huîtres et de moules se félicitaient que grâce à ces nouvelles dispositions et aux futurs processus qui vont se développer, l’on puisse tendre vers une « Économie circulaire » avec des circuits courts pour une telle valorisation. Un travail de longue Haleine avec des conchyliculteurs qui seront sensibles à cette réussite. « C’est une nouvelle étape » précisait Philippe Ortin qui fait confiance à Yves Michel pour continuer le travail commencé afin d’éviter les pollutions et les Malaïgues sur l’Étang de Thau.
Il remerciait Jacques Adgé et la Carrière de Poussan qui ont permis d’effectuer un bond en avant, avec des projets porteurs qui font l’unanimité.
A l’heure où des Startup peuvent encore trouver des moyens pour revaloriser ces différentes coquilles, dans les cosmétiques ou dans d’autres domaines, Yves Michel précisait qu’avec plus de 8500 tonnes collectées, si l’on peut poursuivre dans ce sens en essayant avec différentes pistes de rajouter de la valeur ajoutée aux coquilles, et en même temps développer leur collecte, tout le Bassin de Thau et son environnement en tireront profit.