«Strawberry Fields, les Beatles», 1973, de Guy Peellaert, provenant de la collection Claude Boni à Paris. (Photo DR)
Sous la plume de Gilles Renault, Libération vient de publier un article élogieux sur le MIAM. En voici l’essentiel :
A Sète, le Musée international des arts modestes accueille jusqu’à mi-mars «Fan Club», une exposition bric-à-brac à la gloire des pop stars. Les murs du Musée international des arts modestes sont noirs.
Et ses responsables semblent en concevoir quelque fierté, un peu comme si cette couleur corroborait à elle seule une forme d’anticonformisme muséal érigé en vocation et, du reste, induit dans l’acronyme Miam. Ouvert en novembre 2000 à Sète à l’initiative des artistes Hervé Di Rosa et Bernard Belluc, le lieu trace ainsi sa voie, à contre-courant, insensible aux variations de cotes du marché de l’art.
A une époque, on y montait chaque année quatre expositions temporaires (en plus des vitrines du dernier étage, où dorment tous ces vestiges de «l’archéologie de l’enfance» : jouets, figurines, étiquettes et emballages de produits de la grande consommation…). Les temps étant ce qu’ils sont, il n’y en a plus que deux. Mais l’envie de bien faire, elle, ne fléchit pas. Rémanence.
Ainsi, depuis le début de l’automne, et jusqu’à la veille du printemps, peut-on y voir «Fan Club», un assemblage dévolu à ces amateurs de musique conférant une touche plasticienne à leur adulation pour tel ou tel groupe ou chanteur. L’exposition veut rendre de la sorte un «hommage à ces clones anonymes qui consomment et collectionnent des objets transitifs, interfaces magiques entre leur monde et celui des vedettes.» Début 2013, s’est déroulé à l’autre bout de la France un accrochage du même tonneau – sachant qu’à Sète, c’est un ancien chai qui sert de contexte. Au 106, récente salle de concert rouennaise, «Fan Attitude» réunissait diverses œuvres que l’on parcourait avec entrain mais aussi frustration, compte tenu des dimensions modestes du projet. On parlait alors dans ces colonnes (Libération du 15 mars) de l’«esquisse d’une formidable idée» qui mériterait d’être «développée dans un lieu plus approprié». En ce sens, le Miam franchit un palier, sans pour autant procurer beaucoup plus à l’arrivée que le sentiment d’un bric-à-brac sympathique – ce qui n’est déjà pas rien.
En établissant une généalogie locale, on observera que l’exposition tire sa sève d’un haut lieu aujourd’hui rayé de la carte, le Heart Break Hotel où, à l’évidence, on n’allait pas pour roupiller. Salle de concerts qui laissera à celles et ceux qui la fréquentèrent un souvenir ému, le HBH anima les nuits sétoises de 1983 à 1988, parvenant dans ce coin excentré à alpaguer des noms tels que The Troggs, Johnny Thunders, Chris Bailey, les Dogs, les Thugs… Une rémanence qui explique l’orientation spécifiquement rock de «Fan Club», doublée d’une prédilection pour les années 70-80.
La direction artistique a été confiée à deux «commissaires rockeurs», Barnabé Mons (membre des groupes Sheetah et les Weissmuller, Gentlemen’s Agreement, les Vierges…) et Pascal Saumade. Ce dernier concède que « »Fan Club » est une porte d’entrée pour parler de la musique, du moins celle qu’on aime vraiment», avec un choix d’œuvres provenant de France (plusieurs artistes locaux sont à l’honneur, dont un certain Marc Duran, au foisonnement pictural très art brut – comme beaucoup de voisins de cimaises), mais aussi, pour l’essentiel, des Etats-Unis et d’Espagne.