La préfecture de l’Hérault a publié fin avril, pour la deuxième fois en 2023, un arrêté préfectoral portant mise en place de mesures de restrictions des usages de l’eau dans le cadre de la gestion de la sécheresse. Ces arrêtés « sécheresse » interviennent très tôt dans la saison.La sécheresse estivale de 2022, qui s’est prolongée sur la période hivernale, a largement contribué aux niveaux bas, voire très bas, des cours d’eau et des nappes souterraines.
Ce nouvel arrêté préfectoral intervient suite à une année 2022 marquée par un épisode de sécheresse intense et long. Le dernier arrêté sécheresse en 2022 avait pris fin le 31 décembre, avec une situation hétérogène au niveau du département de l’Hérault. Le bassin de Thau était déjà identifié en fin d’année en seuil d’alerte. Aujourd’hui, l’intégralité du département est passée au moins en seuil de vigilance, et plus de la moitié du département est d’ores et déjà en seuil d’alerte.
Comment lire un arrêté préfectoral sécheresse et que comprendre à propos des mesures associées aux seuils de restriction ? Voici quelques éléments pour bien appréhender les enjeux et ce qui est attendu de tous pour sauvegarder nos réserves d’eau.
Comment lire un arrêté préfectoral sécheresse ?
Le département de l’Hérault est découpé en 19 zones au total.
La carte ci-après décrit précisément ce zonage et chaque numéro fait référence à un secteur hydrogéographique dont le détail est présenté sur le site internet de la préfecture.
Selon les périodes de sécheresse, les différentes zones du département peuvent
individuellement faire l’objet de quatre seuils de restriction différents, du moins strict au plus strict : « vigilance », « alerte », « alerte renforcée » et « crise ».
A chacun de ces seuils s’appliquent des mesures de restriction des usages de l’eau. L’objectif est de prélever moins d’eau sur le milieu afin de préserver la ressource pour les semaines ou les mois à venir, et permettre ainsi une meilleure recharge des milieux aquatiques dès les premières pluies.
Ces efforts consentis sur les prélèvements visent en premier lieu la garantie de l’usage
d’alimentation en eau potable, même si l’ensemble des usages bénéficieront au final de ces efforts entrepris collectivement.
Dans l’arrêté préfectoral du 21 avril 2023, les mesures d’interdiction et de restriction de l’usage de l’eau sont listées par seuil (seuils de vigilance et d’alerte pour cet arrêté) et par type d’usage.
Donnons un exemple : le bassin de Thau se trouve dans la zone 7 « bassin versant de l’Hérault aval de la confluence avec la Lergue jusqu’à l’embouchure » et est en seuil d’alerte. En se reportant à l’arrêté préfectoral sécheresse, on trouvera les mesures associées à ce seuil d’alerte, qui concernent quatre types d’usages.
Pour information, l’arrêté cadre sécheresse est en cours de révision sur les restrictions à imposer à chaque usage. Pour plus de détails, on peut se référer au lien suivant :
> https://www.herault.gouv.fr/Publications/Consultation-du-public/Enquetes-
publiques/Arrete-cadre-departemental-secheresse/Projet-d-arrete-cadre-secheresse-
departementalaaaaseche
Sécheresse : de quoi parlons-nous ?
La sécheresse météorologique, liée à un déficit de précipitations, influence la sécheresse des sols et la sécheresse hydrologique (des eaux superficielles et souterraines). La sécheresse des sols impacte la production agricole, et peut être estimée à partir d’un calcul qu’on appelle le « bilan hydrique » (précipitations moins évaporation du sol et évapotranspiration des plantes) et la « réserve utile des sols » (l’eau dans le sol disponible pour les plantes).
La sécheresse hydrologique quant à elle induit de faibles débits des cours d’eau et un
rechargement d’eau limité dans les nappes souterraines ; elle peut donc avoir des conséquences importantes sur les milieux aquatiques et leur biodiversité.
Qu’en est-il sur le bassin de Thau ?
Le bassin de Thau est parcouru de dizaines de cours d’eau dits « intermittents » - c’est-à-dire qui
ne coulent qu’une partie de l’année – typiques du littoral méditerranéen. Par ailleurs, 80 % de la
ressource en eau douce consommée sur notre territoire provient des nappes alluviales de
l’Hérault et d’Aqua Domitia (eau du Rhône). Les 20 % restants proviennent de la nappe
souterraine appelée « Pli Ouest de Montpellier », seule ressource propre au territoire.
Le Pli Ouest connait à l’heure actuelle son niveau le plus bas enregistré depuis 54 ans. Les niveaux de la nappe étant très bas, la source de la Vise, source sous-marine émergeant dans la lagune de Thau, se trouve en situation de risque d’inversac très élevé.
Pour rappel, l’inversac se définit comme une situation où l’eau de la lagune rentre dans la nappe souterraine, et salinise les eaux localement au niveau de la presqu’île de Balaruc.
Des phénomènes d’inversac sont déjà survenus à plusieurs reprises et encore récemment entre 2020 et 2022 lors de l’épisode le plus long jamais enregistré.
> https://www.smbt.fr/blog/2022/03/16/eaux-souterraines-fin-du-phenomene-dinversac-sur- la-source-sous-marine-de-la-vise-dans-la-lagune-de-thau
Il est donc fortement recommandé de limiter sa consommation d’eau dans son usage
domestique et de rester très vigilant sur l’utilisation de l’eau des forages, tant que durera cette période de sécheresse, en particulier à Balaruc-les-Bains et Balaruc-le-Vieux, mais également dans les communes limitrophes.
Pour Michel GARCIA, Président de la Commission locale de l’eau, Vice-président de Sète Agglopôle Méditerranée et Conseiller municipal à Villeveyrac :
« L’eau a toujours été une préoccupation majeure sur le territoire, en termes de qualité pour les usages sur la lagune de Thau notamment, mais aussi en termes de gestion et de partage de la ressource pour les différents usages, en commençant par l’alimentation en eau potable.
Un travail majeur a été mené depuis plusieurs décennies par les acteurs du territoire, le Syndicat mixte du bassin de Thau ayant notamment réalisé de nombreuses études permettant de disposer aujourd’hui d’outils de gestion opérationnels.
La situation de sécheresse que nous connaissons et les enjeux de partage de la ressource en eau nécessitent à la fois une prise de conscience de l’ensemble de nos concitoyens et des acteurs du territoire, et un passage à l’action permettant d’informer et de faire des économies d’eau là où c’est nécessaire ».
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