Expo au MID

 DU 6 MARS AU 26 AVRIL VERNISSAGE – JEUDI 6 MARS À 18H30 [EN PRÉSENCE DU PHOTOGRAPHE] ENTRÉE LIBRE
La Maison de l’Image Documentaire propose pour sa dernière exposition de la saison avant le festival Image Singulières, un voyage sur l’une des dernières plages sauvages d’Europe, avec les images en couleur du jeune photographe Vasantha Yogananthan.

La saison d’été n’a pas encore commencé, mais, déjà, les caravanes, les camping-cars, les voitures et leur remorque roulent au pas sur la route qui mène à Piémanson. Ici, le 30 avril au soir, les estivants attendent fébrilement le départ d’une course singulière : à minuit pile, la plage sera ouverte à tous par les autorités. Cela fait vingt-sept ans que Michel tire ses caravanes depuis Manosque jusqu’ici. «Je connais cette plage grain par grain», dit-il. Il fait partie de ces habitués qui arrivent les premiers et que l’on surnomme les “doyens”. Au petit jour, ils commencent la construction des campements. Le 1er mai à Piémanson, la fête du travail n’est jamais chômée. Cette plage, dit-on, est la dernière grève sauvage d’Europe.

Au cœur du Parc naturel régional de Camargue, elle s’étend sur 25 km jusqu’à l’embouchure du Rhône. Son histoire a commencé dans les années 1970, avec la création de la route reliant la plage au village de Salins-de-Giraud. Pêcheurs, campeurs, caravaniers, investirent les plages sans droit ni titre. Depuis, Piémanson demeure la dernière zone non réglementée de cette partie de la côte. Sa population estivale varie de quelques centaines d’habitants en mai, à près de 8000 personnes durant le mois d’août. Pour l’instant, les pouvoirs publics tolèrent ce rassemblement, bien qu’il soit en infraction avec la loi “littoral”qui stipule que le bivouac est autorisé pour une nuit seulement. Mais les vacanciers de la plage de Piémanson se disent chaque année que l’été les pieds dans l’eau et à l’oeil sera peut-être le dernier. À Piémanson, on célèbre la convivialité et la générosité, loin de “l’individualisme” des autres mois de l’année passés en ville. À la fin de l’été, en septembre, il ne reste plus rien de ce petit monde éphémère. Les campeurs sont partis sans laisser de traces. Sans savoir non plus si, l’année prochaine, ils pourront réinventer leur parenthèse enchantée sur ce bout du monde que les faiseurs de loi ont le bon goût d’oublier.

Les commentaires sont fermés.