Le Figaro vient de consacrer un bel article à la rénovation du Théâtre Molière. En voici l’essentiel : « Une résurrection. Ainsi peut-on qualifier le miracle qui vient de s’opérer au Théâtre Molière de Sète.
Comme l’Apollo Théâtre de Londres, dont le plafond s’est effondré voici quelques jours sur les spectateurs, l’eau s’infiltrait par le toit. La salle à l’italienne, construite en 1904 par Antoine Gour, en plein centre-ville, fut menacée de fermeture. Elle vient d’être restaurée comme l’Opéra Théâtre de Clermont-Ferrand, le théâtre Blossac de Châtellerault, celui de Saumur, ou de Châtel Guyon dont la réouverture est prévue pour fin 2014.
En France, il existe 170 théâtres anciens, dont quarante à Paris, construits pour la plupart à la fin du XIXe siècle, dans l’élan soulevé par le Palais Garnier. Un peu moins d’une centaine sont en ordre de marche. «Plateau étroit, visibilité réduite, confort incertain, technique défaillante, décor anachronique sont les griefs retenus contre les théâtres anciens», dit Xavier Fabre, architecte qui signe la restauration du Théâtre de Sète et de l’Opéra de Clermont-Ferrand et travaille également à celle du Mariinsky de Saint-Pétersbourg et vient de publier Le Théâtre sans fin chez Actes Sud.
Jusqu’à la révolution initiée par Malraux et Vilar, chaque théâtre abritait une petite troupe qui en prenait soin. Comme leurs spectacles tournaient au patronage comparés à ceux des troupes nées dans l’élan du théâtre populaire, elles ont été dissoutes, laissant à l’abandon les bonbonnières rouge et or. «Hégémonique au début du XXe, le théâtre à l’italienne est condamné à mort en 1961 lors d’un célèbre colloque sur le lieu théâtral moderne à Royaumont, au moment où le débat s’ouvre sur l’architecture des maisons de la culture. On construit alors les grandes salles frontales, réclamées par les metteurs en scène. Elles sont symboles d’un théâtre populaire en rupture avec les théâtres rouge et or, synonymes de vaudevilles distrayant le bourgeois», dit Marcel Freydfont, professeur d’architecture à l’université de Nantes. Le théâtre de Besançon construit par Ledoux sombre dans un incendie, la Gaîté Lyrique disparaît, mais globalement, on ne détruit pas.
Au tournant des années 1980, les théâtres anciens dits «à l’italienne» reviennent en grâce, sacrés comme «le lieu du rituel et de la cérémonie», selon le metteur en scène Yannis Kokkos, longtemps complice d’Antoine Vitez. «Bien souvent, restaurer coûte plus cher au mètre carré que de construire. À Nanterre, construit en 1974, nous allons reconstruire le théâtre plutôt que de le rénover», dit Michèle Kergosien, chef de la mission conseil architectural auprès de la Direction générale de la création artistique du ministère de la Culture. «Mais nous construisons moins d’équipements neufs et sommes favorables à la restauration des lieux dans leur vérité originelle, du moins lorsqu’ils ont une valeur patrimoniale.»
«Le théâtre évolue sans cesse, et une salle doit tous les vingt ou trente ans recevoir les perfectionnements du moment», dit Xavier Fabre. L’architecte a adapté le théâtre de Sète aux nécessités des scènes d’aujourd’hui, créant des accès pour les personnes à mobilité réduite, ouvrant la possibilité d’accueillir des décors en dur où il n’y avait que des toiles peintes, s’adaptant aux équipements techniques contemporains, aménageant loges et salles de répétition, révisant la sécurité…