Les gelées printanières, comme celles que la France a subi ces derniers jours, « arrivent » assez couramment. Mais elles peuvent causer d’importants dégâts, notamment en arboriculture ou en viticulture, selon la période à laquelle elles se produisent et selon les cultures, avec des pertes partielles de plus de 50 % des récoltes.
C’est au printemps que les épisodes de gels sont les plus dangereux car à cette période les cultures sont à un stade plus avancé…
« Les seuils de sensibilité au gel vont varier selon les cultures considérées, les variétés, mais aussi leur stade de développement. À titre d’exemple, certaines cultures peuvent très bien résister aux fortes gelées de janvier-février parce qu’elles sont en dormance/repos végétatif, mais subir des dégâts lors d’épisodes de gel beaucoup plus légers, en termes de température mesurée, une fois en phase de débourrement et lorsque les bourgeons sont alors bien plus fragiles. »Selon FranceInfo.
Hors, au mois de mars les température sont montées assez haut sur toute la France ce qui a accéléré la phase de sortie des bourgeons. Certains s’attendaient à des gelées blanches, d’autres pensaient passer au travers, mais peu d’agriculteurs auraient imaginé une gelée « Noire » aussi intense sur tout le territoire français.
Il semble suivant Météo France que deux coulées d’air polaire arctique se soient succédées durant la première quinzaine d’avril (les 5, 6 puis les 11, 12 avril) en entretenant une ambiance bien fraîche sur le pays. Ces masses d’air polaires ont permis ensuite aux gelées de se multiplier sur la France en raison d’un air plutôt sec favorisant des nuits dégagées avec un fort refroidissement par rayonnement nocturne. Les gelées ont eu lieu pratiquement partout atteignant parfois des niveaux record et n’ont globalement épargné que certaines portions du littoral ouest (Mer du nord, Manche , Atlantique) et surtout méditerranéen.
Sauf durant la nuit du 7 au 8 avril 2021 sur l’Hérault où des températures sont descendues au-dessous de -5°.
Les agriculteurs connaissent bien ce fléau et, pour certains, sont assurés et/ou équipés pour lutter contre les températures négatives sur leurs parcelles.
« On parle de lutte indirecte quand l’agriculteur met en place des stratégies d’évitement et pratiques culturales pour ne pas confronter ses cultures aux gelées pendant les phases où elles sont le plus sensibles (décalage des semis, adaptations des variétés, …). Cette technique n’est pas toujours applicable dans les vergers et pour les vignes notamment.
La lutte directe consiste à déployer des moyens de protection, de brassage de l’air, de chauffage, ou d’aspersion des cultures… »
Oui, mais ces techniques sont assez onéreuses et dans le secteur qui nous concerne, les revenus ne sont pas suffisants pour envisager chez les viticulteurs des dépenses pour le gel. De toute façon, les températures étaient bien trop basses et à 6 h AM, ce fut une gelée noire, avec des petites feuilles, des bourgeons et des petites poussent qui furent brûlées par le froid, et donc qui ont noirci. Si la gelée blanche est moins agressive (gelée de rayonnement), cette gelée noire a même impacté des parcelles pourtant réputées à l’abri…(-4;-5°)
Pour les secteurs qui concernent la Cave Montagnac-Domitienne, Frédéric Clérissi, Technicien « Amont » de la structure nous précise que 85% des parcelles viticoles ont été touchées et au niveau des bourgeons pratiquement entre 90 et 100%…
« Cela va impliquer une perte de récolte évaluée pour la cave Montagnac-Domitienne à 110 /115 000 HL, soit les 2/3 d’une récolte moyenne. (170 000 HL) »
Toutefois, il semble qu’il reste un peu de potentiel pour 2021, avec une seconde sortie de la végétation qui ne devrait pas être trop fructifère, mais pour évaluer celle-ci il faudra attendre fin avril.
Question assurances il faut savoir que seulement 16% des exploitations agricoles seraient assurées dans l’Hérault. Pour toutes les autres les mois à venir seront très compliqués et fonction des décisions à venir de l’ETAT. Celles qui sont assurées auront des indemnités (franchise de 30%), sachant qu’en général les exploitants ont souscrits des contrats socles, financés à 60% par l’Europe pour le gel, la grêle, les événements climatiques…
Pour l’instant, mis à part de « ne pas tomber les bouts,morts », il faut attendre, assurer une bonne protection de ce qui va pousser pour que les souches ne souffrent pas trop cette année en se préservant pour 2022. Eventuellement, en mai, au moment de la floraison les viticulteurs pourront utiliser des stimulateurs de croissance.
Et du côté financier chacun va gérer comme il peut :
Le Premier Ministre lors de sa venue à Montagnac, à la cave coopérative a annoncé une série de mesures qui représentent une mobilisation estimée à près de 1 milliard d’euros. Au programme : exonération des cotisations sociales et patronales, dégrèvement de la TFNB, recours possible au chômage partiel, accès exceptionnel au régime des calamités agricoles pour les viticulteurs, etc.