Le fort déficit pluviométrique enregistré depuis septembre dans tout l’Hérault met sous tension l’aquifère souterrain du Pli Ouest (principale ressource en eau du bassin de Thau). Le niveau très bas des nappes, déjà à l’origine du phénomène d’inversac sur la source sous-marine de la Vise, est préoccupant. D’autant que l’été, les besoins en eau flambent. Pour éviter de futures restrictions, la Préfecture va placer le département en mode vigilance, avec des préconisations d’économie d’eau relayées par le Syndicat mixte du Bassin de Thau, via la Commission locale de l’eau (CLE).
A l’instar de tout le département de l’Hérault, le bassin de Thau risque de manquer d’eau cet été. Les indicateurs dévoilés lors du comité sécheresse réuni le 15 avril par la DDTM* sont sans appel. De septembre 2020 à avril 2021, le déficit de pluie de notre territoire s’élève à 237 mm. Un manque énorme au regard du cumul annuel de hauteur d’eau habituellement de 550 mm annuel. L’absence de précipitations, notamment en période de recharge habituelle à l’automne, provoque une forte tension sur l’aquifère souterrain du Pli Ouest, dont le niveau des nappes est très bas. Une situation préoccupante car cet aquifère alimente Sète en eau potable et Balaruc-les-Bains en eau thermale. Il irrigue aussi certaines surfaces agricoles et contribue à l’équilibre de l’écosystème lagunaire via la source sous-marine de la Vise.
Déjà en novembre dernier, la recharge insuffisante du Pli Ouest, combinée à une surcote marine consécutive d’une tempête, a provoqué un inversac. Caractérisé par une inversion des circulations d’eaux entre l’aquifère et la lagune, le phénomène, suivi par le SMBT, le BRGM et l’Etat, perdure encore aujourd’hui. Sur les secteurs de Montbazin, Issanka et Villeveyrac, le suivi hydrologique, assuré par le SMBT via un réseau de piézomètres, révèle aussi un niveau de recharge très partiel du Pli Ouest.
Ce fort déficit de précipitations, avec des volumes quasiment divisés par deux, risque d’aggraver les tensions sur la ressource pendant l’été. Une période où par nature, il pleut très peu et où les besoins augmentent fortement, notamment en agriculture. Dans ce contexte tendu, similaire à celui enregistré en 2016, la Préfecture va prochainement activer le premier niveau de gestion, prévu au code de l’environnement en cas de sécheresse. Il s’agit du niveau de vigilance, avec des préconisations d’économie d’eau auprès des différents utilisateurs (usages domestiques, industriels et agricoles). L’objectif étant d’éviter le recours aux restrictions prévues par les autres niveaux de gestion (alerte, crise et crise renforcée).
Expert en matière de gestion de l’eau, le SMBT, qui pilote notamment le SAGE** , va se mobiliser, au travers de la Commission locale de l’eau (CLE), pour informer et appeler à la sobriété tous les consommateurs. Une campagne menée en lien avec Sète Agglopôle Méditerranée, chargée de la gestion de l’eau potable sur le territoire, est prévue afin d’envoyer des courriers informatifs aux plus gros consommateurs d’eau.
« Aujourd’hui, les outils que nous avons financés et développés permettent d’anticiper et mesurer ce type de phénomène, se félicite Vincent Sabatier, vice-président de la CLE. La leçon à tirer est que nous ne sommes plus confrontés à un événement exceptionnel mais à une accumulation de déficits, essentiellement liés à la pluviométrie. Dans l’urgence, il faut évidemment suivre les consignes de la Préfecture et surveiller les consommations. Concernant les perspectives d’avenir, l’espoir réside dans le potentiel de réutilisation de l’eau que va ouvrir la nouvelle STEP. En réutilisant l’eau une fois, nous allons préserver la ressource de moitié. ».
*Direction Départementale des territoires et de la mer.
* Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux.