A Poussan et autour de la commune, les viticulteurs volontaires de la Cave Coopérative de « Cournonsec-Montagnac », les deux structures ayant fusionné en 2019, se sont inscrits dans une démarche « Certification environnementale des exploitations », celle-ci étant préconisée par la cave afin, à terme, de rentre dans une démarche HVE.
Les objectifs du dispositif HVE :
- Identifier les exploitations engagées dans des démarches particulièrement respectueuses de l’environnement.
- Fédérer et rendre visible les démarches existantes
- Répondre aux attentes de la société
Cette démarche est issue du Grenelle de l’Environnement. Elle est opérationnelle depuis février 2012.
La certification environnementale est une démarche volontaire, accessible à toutes les filières, construite autour de quatre thèmes :
- la biodiversité
- la stratégie phytosanitaire
- la gestion de la fertilisation
- la gestion de la ressource en eau
Elle est conçue selon une logique de certification progressive de l’ensemble de l’exploitation, contrôlée par des organismes tiers indépendants agréés par le ministère chargé de l’agriculture.
Il existe 3 niveaux de certification HVE :
Le niveau 1 consiste simplement au respect de la réglementation environnementale en vigueur, contrôlé par la réalisation d’un bilan sur la mise en œuvre de l’éco-conditionnalité de la PAC par l’exploitant.
Le niveau 2 porte sur une obligation de moyens relative à 16 exigences minimales listées par arrêté ministériel (2), concernant 4 thématiques : biodiversité, fertilisation, produits phytosanitaires et gestion de l’eau. Sur ces bases, chaque porteur de projet d’une telle certification fait reconnaître son propre référentiel par arrêté ministériel.
Le niveau 3 (option A et B), le plus exigeant, porte sur une obligation de résultat.
L’option A (approche thématique) consiste à respecter les indicateurs correspondant aux quatre thématiques du niveau 2.
Exemples :
• si la culture principale ne dépasse pas 20 % : 6 points. Si elle dépasse 70 %, 0 point.
• plus de 10 espèces cultivées : 10 points. Moins de 3 espèces cultivées : 0 point.
• si l’IFT dépasse la référence régionale : 0 point. S’il est inférieur à 50 % de la référence : 5 points.
• 100 % de la SAU couverte en automne : 3 points.
• plus de 75 % de la SAU irriguée par matériel de précision : 6 points.
La certification n’est accordée que si l’exploitation candidate valide les 4 thématiques, en obtenant une note supérieure ou égale à 10 points pour chacune des thématiques.
L’option B (approche dite globale) consiste à respecter deux indicateurs :
• au moins 10 % de la SAU en infrastructures agro-écologiques ou au moins 50 % de la SAU en prairies permanentes de plus de cinq ans ;
• poids des intrants dans le chiffre d’affaires ne dépassant 30 %.
Pour l’agriculteur intéressé, cette certification induit des contraintes supplémentaires, soit un coût qui doit être surcompensé, logiquement, par une meilleure valorisation du produit auprès du consommateur. La plus-value doit être directe et significative pour l’agriculteur.
Or, les associations écologistes elles-mêmes reconnaissent la difficulté de valoriser ces efforts sur le prix payé à la production, car il est évident que les consommateurs rechignent à payer le surcoût, pour un produit intrinsèquement identique.
D’un autre côté, il est à craindre que les éventuels bénéfices de cette démarche profitent surtout aux intermédiaires, aux coopératives, aux organismes certificateurs et aux structures de conseil, telles que les Chambres d’agriculture.
Une certification à développer ?
Lors des États généraux de l’alimentation, l’atelier 11 a fixé un très ambitieux objectif pour 2030 : 1/3 des exploitations en HVE niveau 1, 1/3 en HVE niveau 2 et 1/3 en AB. Certains ont même souhaité en faire un préalable à toute forme de contractualisation ! Dans la même veine, le verdissement des cahiers des charges des SIQO (AOP, Label Rouge…) serait rendu compatible avec la certification HVE (Haute valeur environnementale).
Après 3 jours de formation pour se préparer à l’audit, les viticulteurs vont évaluer leur exploitation, ce qui leur permettra peut-être d’obtenir la certification HVE niveau 1. A suivre…
(1) Toutes les informations sont disponibles sur le site du ministère de l’agriculture : http://agriculture.gouv.fr/certification-environnementale-mode-demploi-pour-les-exploitations
(2) https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000024215052