Depuis que le génome de l’huître a été décrypté (voir encadré ci-dessous) des avancées importantes ont été réalisées par les chercheurs, en particulier par l’Ifremer. Ces découvertes sont brillamment expliquées par Arnaud Huvet (Ifremer Pouzané) dans une condérence intitulée « Des gènes coupables dans la mortalité estivale de l’huître Crassostrea gigas ».
Des mortalités massives de l’huître creuse Crassostrea gigas (huître de Bouzigues) sont rapportées dans toutes les régions du monde où cette espèce est exploitée. Ces mortalités, considérées comme un véritable fléau pour la profession ostréicole, résulteraient d’une interaction complexe entre l’hôte, l’environnement et des pathogènes, le principal étant un virus de type Herpes (OsHV1).
Afin d’élucider les bases moléculaires de la résistance de l’huître à la mortalité estivale, une approche transcriptomique a été réalisée sur des familles d’huîtres sélectionnées pour leur résistance (R) ou leur sensibilité (S) à la mortalité estivale. Les gènes apparus différentiellement exprimés entre R et S appartiennent principalement aux catégories fonctionnelles « reproduction », « métabolisme énergétique » et « stress oxydant » et seraient révélateurs d’une fragilité physiologique des huîtres S durant la période précédant les mortalités. De plus, une sur-représentation très significative de gènes associés à la catégorie « défense/immunité » avant le pic de mortalité suggère que la réponse immunitaire est primordiale dans la capacité à survivre à un épisode de mortalité.
Parmi ces gènes, nous trouvons notamment des acteurs de la voie immunitaire NF-κB. Les gènes ainsi identifiés constituent des candidats à étudier en priorité. Pour identifier leur fonction et les incriminer (ou disculper) dans ces phénomènes de mortalité estivale, des expériences d’inhibition fonctionnelle par ARN interférence ont été mises en place, ainsi que des recherches de zones du génome associées à la survie (Quantitative Trait Loci).
Cette liste de gènes identifiés permet d’avancer dans la compréhension des mécanismes conduisant à la mortalité estivale des huîtres, de disposer de marqueurs moléculaires utilisables pour du profilage diagnostique, et pourrait à terme aider à l’amélioration génétique en développant de la sélection assistée par marqueurs chez cette espèce.
» lire aussi :Ifremer – Rapport final du programme de recherche sur les mortalités d’huîtres creuses Crassostrea gigas dans l’étang de Thau
LE GÉNOME DE L’HUÎTRE DE BOUZIGUES
Le génome de l’huître creuse (Crassostrea gigas), la plus cultivée sur la planète et en particulier dans le bassin de Thau, a été décrypté par une équipe internationale majoritairement composée de chercheurs chinois. |