Journée internationale des Droits des Femmes à Poussan c’est toute l’année ! Nous vous proposons à chaque 8 du mois, de découvrir un portrait ou une œuvre… en hommage aux Femmes et à leur place dans la société. Ce 8 septembre c’est l’extrait d’un des livres de Blandine Rouger.
Blandine Rouger est arrivée à Poussan lorsqu’elle était enfant. Elle a toujours aimé écrire, et se consacrer à l’écriture beaucoup plus de temps depuis que ses enfants ont grandi. Elle est, pour elle, l’action d’attraper les mots, de les modeler, tout en respectant la rigueur qu’elle impose. Des situations décalées, des rencontres, ses voyages, sa sensibilité à son environnement, des juxtapositions d’idées, l’inspirent. L’envie de s’exprimer sur des thèmes intemporels, avec des valeurs qui sont les siennes, tout en les transposant sous l’angle romanesque, le plaisir d’apporter du plaisir au lecteur en sont, pour elle, l’enjeu.
Elle a écrit et publié trois romans.
« Tu aimeras ton Prochain comme toi-même » inspiré par une rencontre faite lors d’un vol Paris-Montpellier. Une fable des temps modernes, une fiction poétique et d’actualité sur la nature humaine et sur la société civile.
» Comme un destin à écrire » dépeint la traversée d’un couple, inspiré par celui de mes grands-parents maternels, tout au long du vingtième siècle, entre l’Algérie et la France. Un hommage à leur capacité à aller vers le positif. A choisir le bonheur. Un modèle de « vivre ensemble » dans un environnement polyculturel, plus que jamais d’actualité.
« Au Fils de la Lune », une intrigue trépidante sur fond de quête du passé et d’interrogations sur l’évolution de la liberté individuelle dans laquelle est entraîné une enquêtrice.
De cette effervescence que produit en elle la rencontre avec les mots naît une rencontre avec les lecteurs et l’interprétation que chacun porte sur ses romans, à l’éclairage de sa propre vie. Une belle surprise à laquelle elle ne s’attendait pas… Un échange magique et passionnant.
« Il quitta le regard triste de P’tit Pied, un souffle d’air attirant son visage dans une autre direction.
Une des certitudes de l’existence lui apparaissait. Et la voix, en espagnol sortait de la bouche d’une si jolie jeune fille qu’il ne voyait que de dos. Aux cheveux opulents, ondulés, au corps mince. A la robe si rouge pour l’époque. Son accent espagnol n’était pas des plus purs. Mélange de maltais et de français ?
Alice se retourna vers lui.
Il fut saisi par la beauté de son regard. Un tourbillon de gaieté. Une flamme. Une vie centrée dans cette robe rouge. Rouge comme le tronc d’un chêne-liège brillant au zénith. Tout se figea autour de lui. Les petits fruits des ficus cessèrent de danser, le vent d’emporter sur son passage les feuilles de papiers de glaces.
Les gandouras noires des femmes, devenues des statues d’or. L’enfant laissa courir son ballon, lui-même immobilisé. La poussière balayée par le vent en cette fin d’après-midi se fondait en pluie d’étoiles, en apesanteur. Et les Oublies à la vanille, portés par le vendeur, se dessinèrent devant lui comme pour fixer l’instant dans sa mémoire.
Louis eut l’impression de s’envoler au-dessus du Cours Bertagna, au sommet de cette source d’énergie gorgée de vie. Les manches de sa chemise blanche transformées en ailes.
P’tit Pied parlait. Louis, ne l’écoutait plus. Qui était-elle ? Une jeune fille de bonne famille,
se promenant seule un peu tard ? Accueillant les compliments de l’espagnol à la mandoline avec simplicité tout en les laissant glisser avec légèreté sur elle. Son âge, celui de Louis ? Ce rire, le pétillant de son corps. Celui de son âme ! » – « Comme un destin à écrire » – Blandine ROUGER